Annapurna Mandala Trail XIII 2013 (19 avril au 6 mai 2013)
Phu Dorjee Lama Sherpa et Manikola Raï au sommet de la Mandala
La ” Mandala XIII “, pour reprendre l’expression de Bruno Caillet, s’est déroulé entre le Camp de Base Sud de l’Annapurna, les contreforts du Dhaulagiri, le Thorong Pass et le Mustang. Cette 13e édition de l’Annapurna Mandala Trail a été remportée par le Népalais Phu Dorjee Lama Sherpa pour la quatrième fois. La Népalaise Manikola Raï s’est imposée chez les dames.
A l’origine, le parcours de l’AMT 2013 devait aller au Camp de Base Nord de l’Annapurna et celui du Dhaulagiri, mais les conditions d’enneigement ont condamné l’accès à ces deux endroits. Avec de la neige jusqu’aux genoux à 4900 m, le peloton avait même dû rebrousser chemin aux pieds du Thapa Pass (5244 m). L’itinéraire est donc passé par la Vallée de Lupra, Muktinath. Il est monté au Thorong Pass (5420 m) en aller-retour, et s’est terminé par une étape dans le Haut Mustang, avec un dernier ” run “, entre Kagbeni et Jomsom par les hauts cols de la Kali Gandaki.
Malgré tout, la « Mandala XIII » est restée fidèle à son esprit. Une course, sur la simple idée qu’elle possède un petit supplément d’âme, est toujours révélatrice de quelque chose. Talent, aptitude, personnalité… N’en déplaise à la performance et à sa quête. Une nouvelle fois, la Mandala est parvenue à sortir un homme des sentiers battus, en l’embarquant sur les Chemins du Ciel. Dans un condensé de sa vie, un instantané de sa course, Jules-Henri Gabioud s’est révélé sur le fil des kilomètres explorés et la pente des mètres dévoilés.
En 2011, il avait déjà parcouru le Solo et le Khumbu, aux côtes de Dawa Dachhiri Sherpa. Mais son histoire avec l’Himalaya est beaucoup plus ancienne… « Mon oncle était médecin. Jean Troillet et Erhard Loretan faisaient partie de ses patients, raconte Jules-Henri. Ces alpinistes avaient gravi plusieurs 8000 (10 pour Troillet et 14 Loretan) et réalisé le record de l’ascension de l’Everest (face Nord). C’était incroyable !!! Jamais je n’aurai pensé venir sur le terrain de leurs exploits. Maintenant, un jour, je pense que je tenterai un 8000… »
Pour l’heure, dans l’espoir de le gravir, Jules-Henri court le ciel… Mais pourquoi est-il est revenu au Royaume des Neiges, du côté des Annapurnas, du Dhaulagiri et du Mustang. « La variété du parcours me plaisait, ainsi que le système de course où il fallait porter son sac et compter un peu plus sur soi-même, en étant autonome durant chaque étape. Courir avec sa vie dans un petit sac à dos m’a fait vivre la Mandala comme un voyage…. J’ai vraiment beaucoup aimé, car l’ambiance et l’esprit de l’épreuve m’ont fait penser au Tour des Géants, avec la proximité des sommets et à la solitude que tu peux ressentir, malgré les villages et la population. J’ai beaucoup couru avec Phu Doorje et nous avions le même plaisir. Face à l’Himalaya, notre langage était le même : celui de la passion de la montagne. Ce sont dans ces moments, lorsque deux montagnards se rencontrent, même au bout du monde et sans avoir la même langue, qu’ils se comprennent… »
Lors de son premier voyage dans l’Himalaya en 2011, Jules-Henri avait été marqué par l’immensité des paysages. Pour son second périple au Pays où les Chevaux du Vent n’achèvent jamais leur course, le jeune Suisse (25 ans) a été « halluciné » par la variété des panoramas. « Le Khumbu, c’est magnifique et à une altitude moindre, cela correspondant aux Alpes avec ses montagnes, ses glaciers et ses rochers, explique-t-il. Les Annapurnas, c’est différent. On va de la forêt tropicale au désert d’altitude, en passant aux pieds de montagne à plus de 8000 mètres ! C’est prodigieux. Lorsque nous avons couru au Mustang, j’ai halluciné. La veille, nous avions fait le Thorong Pass (5416 m) en aller/retour. Le lever de soleil sur le Dhaulagiri (8167 m) avait été magnifique. Ce jour-là, je n’avais pas les jambes et je m’étais mis un peu « hors-course ». Il n’y avait que l’Himalaya et moi. C’était profond… J’étais à nouveau un petit garçon. Comme lorsque j’ouvre la porte du Refuge de l’A Neuve, dont ma mère est la gardienne, l’été. Comme au Macchapuchhare Base Camp en voyant l’Annapurna Sud et la crête du glacier de l’Annapurna I (8091 m). Et puis, il y a eu cette dernière étape au Mustang… Je courais dans une ambiance de western, avec des camarades autour de moi. Chez nous, on sait où se termine une vallée. A Kagbeni, on m’a montré l’immensité du désert et je me suis demandé, ce qu’il y avait au bout… C’était hallucinant. Je me suis demandé où j’étais… J’ai levé les yeux, j’ai vu les Nilgiris, le Dhaulagiri, le Tukuche… L’Himalaya et j’ai compris pourquoi j’étais là et ce que j’avais dans le cœur, en bouclant la Mandala. » Et c’est ainsi que Jules-Henri est devenu un Chevalier du Vent…
Classement final : 190 km, +10000 m, -11400 m, en 7 étapes.
1. Phu Dorjee Lama Sherpa : 24 h 19
2. Jules Henri Gabioud : 25 h 26
3. Manikola Raï : 26 h 29
4. Bruno Caillet : 27 h 32
5. Jean-Louis Vielmas : 28 h 01
6. Pierre Lemesre : 28 h 23
7. Cécile Ciman : 30 h 18
8. Bruno Poirier : 30 h 35
9. Christophe Bruyas : 31 h 13
10. Clotaire Agathe : 32 h 47
11. Joel Delmas : 35 h 05
12. Walter Berrehouc : 37 h 04
13. Pascal Penot : 40 h 34
14. Philippe Chesnoy : 43 h 03
15. Maryse Dupré : 46 h 03
16. Deepak Raï (5 étapes).