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« Courir au cœur de l’Himalaya népalais, avec comme seule assistance un sac à dos et l’hospitalité locale », est la feuille de route donné aux Chevaliers du Vent et Amazones du Ciel. Tout là-haut, sur les Chemins du Ciel, où l’air se fait rare, où l’Être n’a sa place que le temps d’un acte, d’une course, d’un rêve… Ces hommes et ces femmes courent, portés par cette pensée de Bouddha. « Il n’y a point de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin. » Om Mani Padme Hum…
Pour cheminer, il faut suivre une ligne bleue imaginaire où se succèdent ponts, sentiers, chemins et pistes. Ils sont des centaines à travers le Népal, à sillonner l’Himalaya. Sur plusieurs milliers de kilomètres, ils traversent les rivières, remontent les vallées et relient les villages par des cols culminant parfois à plus de5.000 mètres. Un réseau pédestre emprunté chaque jour par 18 millions de Népalais. Il y a une vie sur les Chemins du Ciel…
L’Himalaya n’est pas qu’un fantastique terrain de jeu. « L’Himalaya est une extase permanente livrée aux couleurs changeantes de la course du soleil », a écrit Roger Rousseau, voyageur au long cours. L’Himalaya est aussi le point remarquable de ces courses folles à travers le temps, où s’opposent moyen âge et temps modernes, avec la perversité que l’on sait. Où se côtoient ethnies et religions, sans heurt, ni discrimination. Où se succèdent vallées luxuriantes et plateaux arides, neiges éternelles et rivières torrentielles, glaciers sans retour et sommets immaculés.
Himalaya. Himalaya, littéralement le « Royaume des Neiges » en sanskrit, est la plus haute chaîne de montagne du monde. Elle s’étire en Asie dans le Pakistan, le Cachemire, l’Inde, Le Tibet, Le Népal, le Sikkim et le Bhoutan. Large de 250 à 500 kmentre le Tibet au Nord et la plaine indo-gangétique au Sud, l’Himalaya est longue de 3.000 kmet s’étend de l’Hindu Kuch (Afghanistan) à l’Ouest au Yun-nan (Chine) à l’Est. Cette chaîne montagneuse est la plus haute, mais aussi la plus jeune de la planète. Elle est habitée par des peuples divers, aux traditions et aux religions très anciennes. Le Népal est un « condensé » de cette variété ethnique et culturelle. Ce pays est situé dans l’Himalaya oriental, autrement appelé le « haut Himalaya ». Sur les quinze sommets de plus de 8.000 mètresqui couronnent le « Royaume des Neiges », dix sont situés au Népal, dont le Mont-Everest (8.850 m), Sagarmatha pour les Népalais et Chomolungma pour les Sherpas. C’est dans cet univers d’exception, au cœur du « Continent Montagne », l’Himalaya, terre d’aventure par excellence, qu’il est possible de Courir le Ciel.
Historique
Le cinquantième anniversaire de la conquête de l’Annapurna fut l’évènement qui donna naissance à la première édition de l’Annapurna Mandala Trail. Elle eut lieu en mars 2000 et fut parrainée par Maurice Herzog. Certes, à l’époque, le Marathon de l’Everest etl a Grande Course de l’Himalaya existaient déjà, mais c’était la première fois que l’esprit de compétition, versant course à pied, s’engageait aussi haut au Népal :5416 mètres, l’altitude du Thorong Pass. Le Docteur Nicolas Peschanski, membre de l’Himalayan Rescue Association, avait d’ailleurs défini l’épreuve comme « la course d’altitude la plus rapide du monde en dénivelé ascensionnel ». Cependant, les premiers Chevaliers du Vent, pionniers de l’effort hypoxique en running, ne furent les Annapurna-racers du « siècle » dernier. Lorsque l’on parle de course et d’aventure dans l’Himalaya, on ne peut pas ignorer la traversée des Anglais Richard et Adrian Crane. Durant le printemps 1983, du 18 mars au 27 juin, ils ont relié Darjeeling en Inde à Rawalpindi au Pakistan en 101 jours. Soit un total de2.000 miles(3.250 km) et de300.000 pieds(91.500 m) de dénivelé positif.
Dans cet acte de Courir le ciel en Himalaya, les Français Paul-Eric Bonneau et Bruno Poirier furent les premiers à prendre le relais des Frères Crane. En automne 1994, du 21 octobre au 1 décembre, ils ont traversé l’Himalaya népalais d’Est en Ouest, de Pashupatinagar à Mahakali, en serrant au plus près la plus haute chaîne de montagne du Monde dans des conditions météorologiques difficiles. Au total, ils totalisèrent 2.100 kilomètres et55.000 mètres de dénivelé positif. Depuis, Bruno Poirier court toujours le ciel… Makalu Base Camp – Everest Base Camp en 1996 et Annapurna Base Camp – Everest Base Camp en 2001 ont ponctué ses courses himalayennes en solitaire.
Epreuve
« L’aventure, c’est prendre le risque de mettre sa vie en jeu », a dit Philippe Frey, aventurier du siècle dernier. L’effort extrême respire le même air, même s’il est hypoxique. Des hommes et des femmes ont choisi ce « véhicule » pour se réaliser et devenir ce qu’ils sont. Car au-delà de l’effort physique, le dépassement de soi est l’une des ouvertures vers la découverte du moi. Et de reprendre cette sentence de Friedrich Nietzsche : « Seule la grande douleur libère vraiment l’esprit, car elle nous enseigne le grand doute… J’ignore si une telle douleur nous « améliore », mais je sais qu’elle nous rend plus profond. » C’est dans cette profondeur que l’Homme peut prendre de la hauteur…
Un détachement de soi qui conduit justement les coureurs vers le ciel… L’effort physique en montagne est une histoire de dimension. Si la troisième est liée à l’ultratrail et la quatrième au skyrunning, la sixième appartient à l’alpinisme. La septième étant un autre ciel […], c’est donc dans la cinquième dimension que s’émancipent des hommes et des femmes de l’attraction terrestre. Dans l’acte, l’art pour les jusqueboutistes, de courir l’Himalaya en ayant le ciel comme seule limite.
Bruno Poirier
« Au Népal, j’ai trouvé ce que j’étais venu chercher… Cette course est grandiose, fascinante car au-delà de la dimension physique, elle possède une dimension humaine qui engendre la réflexion. Cette course a une âme et il faut la préserver. »
Pierre Zickler.